Au vu des effectifs de loups en Suisse, il est évident que de nombreux propriétaires de chiens se posent de légitimes questions sur les risques encourus lors de randonnées et promenades quotidiennes. Tout d’abord, il faut préciser qu’à ce jour, en 2024 aucun chien domestique n’a subi d’attaque recensée officiellement ou n’a été tué par le loup en Suisse ! Au niveau des chiens de protection, il n'a été relevé que quelques rares cas de morsures, aucun cas mortel, depuis le début des années 2000. En revanche, un chien de protection a déjà tué une louve en automne 2021, dans la région de Vouvry (VS), ce qui fait qu'actuellement, le canidé de protection mène 1 à 0 face au canidé sauvage. En juin 2024, en France voisine, une louve de la meute de la Dent d'Oche s'est fait attaquer et mordre par deux Kangals, sans que nous puissions, à ce jour, établir la gravité de la blessure. Il est alors de mise de constater que les escarmouches entre chiens de protection et loups sont assez partagés en termes de blessures.
Il faut comprendre que le loup est territorial, il protégera ses ressources (proies), son domaine vital, sa descendance car c'est ce que lui dictent ses instincts. Dans le cas d’un congénère (loup) étranger qui se trouve sur le territoire d’une meute, nous savons qu’il peut être soit accepté (devenant un membre de cette dernière pendant un laps de temps indéfini) soit attaqué voire tué. Cela dépend de nombreux facteurs, cités dans le chapitre LE FONCTIONNEMENT DU LOUP.
Nous n’aborderons pas le sujet de manière approfondie mais tout le monde a entendu parler « d’hybridation » entre chiens et loups. Elle se produit parfois, surtout dans les pays/contrées ayant une très mauvaise gestion du canidé domestique, entre le non contrôle de l'identification par microchip, la non castration/stérilisation et une vague infernale et interminable d'abandons. Mais ça n'est aucunement le cas en Suisse, ce qui signifie qu'un éventuel loup hybride arrivant chez nous se réaccouplera automatiquement avec sa propre espèce, sans aggravation de la génétique et du comportement. Au final, le croisement se fait toujours de la même façon, soit une louve qui s’accouple avec un chien mâle, on appelle cela un hybride de première génération. Cela montre que, dans ce cas de figure, chien et loup peuvent s’entendre, du moins le temps de l’accouplement !
Pour toutes les raisons que nous avons exposées précédemment, les rencontres entre deux canidés ne sont déjà pas garanties, alors même qu’ils sont tous deux domestiqués. Alors le face à face avec un loup, canidé primitif, sauvage et territorial, est encore plus incertain, il est juste de le reconnaître. Nombre de propriétaires ayant aperçu un loup à une distance assez proche, en baladant leur compagnon, ont constaté, avec étonnement, que le chien se montre alors craintif. Cependant, tout individu réagira potentiellement différemment, comme nous l’avons vu dans d’autres domaines.
Il y a des règles simples qui peuvent éviter tout conflit loup-chien :
- Attachez votre chien avec une laisse enrouleur ou une longe lors de balades sur le territoire d’une meute de loups. Ou assurez-vous qu'il est parfaitement codé et répond systématiquement au rappel ainsi qu'aux ordres de base tels "pas bougé" et "reste".
- Ne perdez jamais de vue votre chien ! Il ne doit jamais sortir de votre champ de vision.
- Rappelez votre chien immédiatement dès que vous voyez un loup et gardez-le au pied et en laisse.
- Ayez donc toujours une laisse sur vous, sans exception et ce même si votre chien obéit bien. Elle peut être utile dans d'autres situations également !
- Une fois le loup parti, veuillez garder systématiquement votre chien attaché pour le reste de la balade (ne le relâchez plus).
Malheureusement, une constatation s’impose : il y a encore beaucoup (trop) de chiens qui ne sont pas tenus en laisse mais ne possèdent absolument pas le "codage" nécessaire. Nous entendons par là des chiens ne répondant aux ordres qu'une fois sur 3-4-10, ou seulement lorsqu'ils en ont envie ou que rien ne les distrait. Cela est hautement préjudiciable, condamnable même, puisque ça rend l’obéissance, donc la maîtrise, fluctuante voire nulle. C'est tout d'abord une problématique pour les divers usagers rencontrés en balade, bien avant de l'être pour la sécurité du chien, notamment face à un prédateur sauvage ! Dans le cas d'un chien non maîtrisé, qui se balade et sort du champ de vision du propriétaire, les risques d'incidents pour autrui (humains, faune sauvage), mais aussi pour le chien (circulation routière, dangers du terrain ou prédateurs naturels) augmentent de manière rapide et élevée. Dans le cas d'une meute de loups, surtout à certaines périodes clés (reproduction/naissance) ou lors d’une action de chasse, il est clair que la rencontre avec un chien pourrait être fatale pour ce dernier, particulièrement pour les petites races, le prédateur les voyant alors comme des proies, logiquement.
Il en va de même pour les chiens divagants (sans maître) mais aussi pour les chiens de chasse. Ces derniers sont parfois lâchés avant la chasse, se promènent nuit et jour seuls, pouvant alors rencontrer un loup, une meute et subir une attaque potentiellement mortelle. Tout chien non accompagné d’un humain a de plus grands risques de se faire attaquer, c’est indéniable. Il convient de dire qu'en ne codant pas son chien, en ne l'attachant pas ou en le laissant se balader ou divaguer, la faute, en cas d'attaque, sera 100% humaine, ne nous y trompons pas ! Il est nécessaire que tout propriétaire et chasseur en prenne conscience. Le canidé sauvage est chez lui, pas le chien.
Au vu de tout ce qui a été exposé dans ce document, il est nécessaire de comprendre que loups et chiens ne régatent plus dans la même catégorie. Le premier est 100% primitif, ses instincts sont purs et le second a été domestiqué et a subi des modifications physiques et comportementales qui ont modifié/altéré certains instincts, comportements, ses codes et sa communication. La territorialité du loup est incontestable, naturelle et doit être comprise et respectée.
Dès lors, encore une fois, c’est à l’humain soit aux propriétaires d’assurer la sécurité de leur compagnon, partout et tout le temps ! Ils doivent prendre des mesures simples : travail d’éducation approfondi pour coder le chien comme il se doit, le maîtriser dans toute situation ou, le cas échéant, utiliser une longe/laisse enrouleur afin d’avoir un contrôle total. Comme vu dans le chapitre LA DANGEROSITÉ, une bonne observation de ce qui nous entoure permet également d'anticiper sur beaucoup de facteurs ! L'adage "mieux vaut prévenir que guérir" est une maxime à suivre constamment. Et sachez que ces règles sont à appliquer non pas à cause du loup, n'en déplaise aux opposants, mais bien afin de respecter TOUS les usagers présents, du randonneur au cycliste, en passant par la faune sauvage. Peu le savent mais les chiens domestiques tuent, chaque année en Suisse, entre 500 et 700 animaux sauvages, ce qui serait largement évitable si chaque propriétaire connaissait et maîtrisait son chien.
Pour conclure, il existe des cas, filmés et contés, de rencontres loup-chien ayant été positives, sans conflit ni attaque prédatrice. Mais il convient, avec le bagage que vous avez dorénavant, de ne pas jouer à la roulette russe avec le vivant et les multiples facteurs existants, dont vous n'avez pas forcément connaissance ou sur lesquels vous n'avez aucune maîtrise.
CHAPITRE SUIVANT : SOURCES & RÉFÉRENCES
Photos : Massimo Milo, Autour des loups & Ecole Canine de Normandie