Lorsque nous abordons le thème des prédateurs, de tout autre animal ou situation de la vie quotidienne, l’humain évalue alors les risques de dangerosité qu’il/elle peut représenter pour son intégrité physique ou psychique. Afin de mieux comprendre cette notion de « danger », que nous utilisons fréquemment, nous allons en mentionner les fondements théoriques, à commencer par la définition.
La dangerosité est l’estimation du danger, le risque traumatique (psychologique ou physique), pour une victime potentielle. C’est surtout une notion anthropocentrique, nécessaire dans le respect de la sécurité publique et familiale. Elle peut être évaluée pour chaque espèce animale, y compris pour celles que cette dernière menace : animaux sauvages, de compagnie, humains, etc.
Il est important de ne pas confondre dangerosité et peur ! La première se base sur les vrais dangers encourus et leur occurrence alors que la seconde est en lien avec le ressenti de chacun, selon son degré de connaissance, ses expériences, ses croyances, voire l’éducation qui a été reçue, entre autres. Une personne craignant les araignées est intimement convaincue qu'elles représentent un réel danger, ce qui n'est pas le cas dans nos contrées. Nous devons donc toujours faire la différence entre la vraie dangerosité d'un animal, d'une situation, d'une chose et celle que nous créons et amplifions, au travers de nos peurs et phobies personnelles.
Mais revenons maintenant à l'animal : il est reconnu potentiellement dangereux lorsqu’il présente un ensemble de caractéristiques qui font que l’intégrité physique ou psychique d’un individu peut être mise en péril par ses comportements (agression, poursuite, prédation etc.).
En ce qui concerne le canidé, principalement domestique, les critères de dangerosité sont :
- Le poids masse du canidé
- La catégorie de personnes à risque
- Le type d’agression (offensive ou défensive)
- Le type de morsures (contrôlées, simples, multiples, tenues)
Il est très important de relever que le risque de dangerosité est toujours relatif à une personne particulière et à des circonstances spécifiques. C’est le point d’ancrage pour comprendre ce sujet. Chaque être vivant, animal ou personne, est un individu unique, se comportant différemment selon les situations, l'environnement, l'état émotionnel/physiologique ou les humeurs du moment, entre autres. Rien ne peut donc être généraliser. Exemple : si un loup venait à mordre une personne dans des circonstances spécifiques (qui doivent impérativement être évaluées dans leur ensemble et de manière neutre et approfondie), alors que cela n'était pas arrivé en 10, 20 ou 30 ans, ce cas ne doit donc pas mener à une évaluation négative, en termes de dangerosité, de l’ensemble de l’espèce. Cela restera un individu, une personne, une situation, un contexte, un état émotionnel/physiologique, des circonstances spécifiques, soit de nombreux facteurs qui diffèrent, parfois même d'une occasion à l'autre pour le même individu.
Soyons clairs : tout animal peut donc, selon ces mêmes facteurs, être dangereux ! Nous devons également intégrer que le comportement humain, au moment des faits (agression/morsure), joue un rôle prépondérant, notamment lors de toute attaque défensive. Mais, selon les circonstances, cela peut également être le cas lors d’agression offensive/prédatrice, directement ou indirectement. Nous reviendrons sur ce point dans les chapitres suivants.
Il y a également une donnée extrêmement importante, incontournable, à prendre en compte lorsqu’on parle de dangerosité, de risques d’agression ou d’incident en lien avec un animal, une situation, une action, un loisir, etc. : le facteur « probabilité ». En ce qui concerne les canidés en Suisse, il est évident qu’avec 553'452 chiens constamment autour de nous (domicile, lieux de loisir, amis/famille, etc.), en complément d'une éducation, de conditions de détention et de connaissances loin d'être toujours idéales, les risques de morsure/attaque augmentent de manière très conséquente par rapport au prédateur sauvage, discret, comptant seulement 300 individus et avec lequel les rencontres sont nettement plus rares. Dans le même ordre d’idée, les risques de mourir dans un accident d’avion, si nous ne le prenons que très rarement, sont assez insignifiants par rapport à ceux de succomber dans un accident de voiture, que nous prenons quotidiennement, les foyers suisses faisant, en moyenne, entre 10'000 et 30'000 km par année. Ce facteur est non négociable et doit rester à l’esprit dans tout débat touchant aux risques et à la dangerosité, ceci afin d'éviter la surenchère ou la survenue d'angoisses handicapantes et, bien souvent, non justifiées.
Il est aussi juste de dire que la nature, de manière globale, est dangereuse, comme le prouvent les statistiques annuelles des accidents. Nous allons y pratiquer nos loisirs, oubliant ou ignorant totalement les nombreux dangers qui s’y cachent, bien plus dangereux et fréquents que des prédateurs naturels : chutes de pierres, de branches et d'arbres, irrégularité du terrain (déclivité, trous, entraînant des chutes), crevasses, falaises, conditions météorologiques changeantes (chaleur, avalanche, crues soudaines, foudre, tempête, humidité), etc. Tous ces paramètres peuvent mener à des blessures (fracture, traumatisme, commotion, cérébrale, hémorragie, choc hypovolémique/septique/anaphylactique, brûlure), à des problèmes physiques (coup de chaleur, troubles cardio/respiratoires, malaise, hypo/hyperthermie, insolation, déshydratation) et donc, malheureusement, à la mort.
Et l'évolution de notre société, qui pousse toujours plus à la recherche de sensations fortes, de nouveauté ou de performances, engendre toujours plus de prises de risques et de dangers. Des activités tels le trail, la course à pied ou le VTT, mettent en avant une problématique méconnue mais qui augmente grandement les risques d’accident voire de mort : l’utilisation d’écouteurs. En effet, couplés aux lunettes à soleil et au casque/casquette, sans compter la focalisation sur le chronomètre et autres paramètres, la personne perd tout bonnement deux de ses principaux sens : la vue et l’ouïe ! Dans ces circonstances, nous ne sommes donc plus attentifs à ce qui se passe autour de nous, aux bruits, aux éventuels évènements, aux personnes ou animaux qui pourraient se trouver sur notre chemin : nous ne voyons plus venir le danger et ne pouvons donc l'anticiper !. Il est maintenant évident que les risques et donc le danger proviennent également de la surestimation de nos capacités, du manque d'anticipation & d'observation ainsi que de la méconnaissance du terrain, du fonctionnement de la nature et de son imprévisibilité.
Nous devons avoir conscience qu’avec la nature et le vivant, nous ne pourrons jamais tout prévoir, tout contrôler et que le risque zéro n’existera jamais, dans aucun domaine. Il y aura donc toujours des dangers et des accidents, dans chacune de nos activités, du moment où nous ouvrons les yeux à celui où nous les fermons. Il est donc vital de ne pas surréagir ni de faire, comme cela se voit fréquemment, des comparaisons ou des prédictions fantaisistes. Ces dernières sont souvent basées non sur de réels risques et dangers mais issues, le plus souvent, de peurs, ancestrales, culturelles, mythologique ou provenant de traumatismes ou de phobies. Notre rôle est de nous préoccuper de la dangerosité en fonction des probabilités et de la fréquence d’occurrence, en y apposant des procédures, des mesures et des règles qui éviteront, autant que possible (mais oubliez le "toujours") les incidents.
Dictionnaire
Anthropocentrique Qui fait de l’homme le centre du monde.
Choc hypovolémique Diminution du volume sanguin efficace c'est-à-dire de celui qui est physiologiquement nécessaire au maintien d'une fonction
circulatoire normale.
Choc septique Infection généralisée qui entraîne une défaillance des organes et une tension artérielle dangereusement basse.
Choc anaphylactique Réaction allergique exacerbée, entraînant dans la plupart des cas de graves conséquences et pouvant engager le pronostic vital.
Crue Élévation du niveau dans un cours d'eau, un lac.
Déclivité État de ce qui est en pente.
Photos : illustrations
CHAPITRE SUIVANT : LES DIVERS TYPES D'AGRESSION