La meute à Arsène - Découverte et révélation

Le travail de terrain peut être particulièrement intense à certaines périodes. Juillet et août en sont le parfait exemple. En effet, après une pause de 2 mois pendant laquelle le couple donne naissance et s'occupe des louveteaux, en limitant les déplacements, commence alors la période du nourrissage et de la chasse intensive, comme expliqué précédemment. Logiquement, cela induit une nécessité de réflexion et d'observation très pointues de notre part, ceci afin de mieux comprendre la meute et les endroits susceptibles d'être plus utilisés dans cette nouvelle période, prompte à certains changements.

Les louveteaux ont été déplacé en juillet, partant de la tanière en direction d'un ou plusieurs "lieu(x) de rendez-vous (1). Cela modifie donc, passablement, les habitudes de la meute. Nous devons donc réfléchir, nous adapter mais surtout observer, étudier sur le terrain et nous baser également sur ce que nous livre les pièges photographiques. Nous ne répéterons jamais assez l'importance du monitoring dans l'étude de prédateurs naturels, c'est capital. Nous trions, au bas mot, pas moins de 1000 à 2000 vidéos par semaine, soit plus de 5000 à 8000 par mois. Bien entendu, le 95% d'entre elles ne montrent pas le loup mais la faune sauvage, l'humain et ses activités. C'est donc un travail assez titanesque mais qui est absolument vital pour pouvoir récolter les informations nécessaires à notre étude de la meute à Arsène. 

Pour rassurer ceux et celles qui se poseraient des questions ou s'inquiéteraient, toute vidéo ne montrant pas d'animaux sauvages sont immédiatement et définitivement détruites, ceci pour respecter scrupuleusement les lois et règlements suisses en la matière. Nous précisons que les loups utilisent, de manière très fréquente, des chemins et sentiers humains pour se déplacer, ce qui nous oblige donc à poser des pièges à ces endroits pour assurer un suivi fiable et obtenir les informations vitales à toute étude. Etant également en contact étroit avec des biologistes américains, qui étudient le loup depuis de nombreuses années, nous sommes tous d'accord sur l'importance, non négociable, du monitoring et de la pose des pièges sur les chemins/sentiers pour pouvoir étudier une espèce comme le loup. Si vous voyez un piège, ne le touchez pas, faites un petit signe, un sourire et gardez à l'esprit que, sans ce type de technologie, nous n'aurions de loin pas autant de connaissance sur le loup aujourd'hui. Mais aussi que sans cette connaissance, la recherche de solutions pour, notamment, protéger les troupeaux serait elle aussi moins efficace. 

Nous avons eu l'immense joie, après pas mal d'observation et de réflexion, de trouver un des lieux de rendez-vous et de pouvoir filmer, avec l'un de nos pièges, la nouvelle descendance d'Arsène & Lupine. Une émotion gigantesque puisque nous n'espérions pas pouvoir, à ce stade, déjà récolter ce genre d'information. Nous pouvons donc vous dire que la meute se porte à merveille, que les nouveaux arrivants sont magnifiques, en pleine forme, joueurs et curieux. Pour des raisons évidentes, soit garantir la sécurité absolue des louveteaux et de la meute, nous ne diffuserons aucune vidéo des petits loups pour l'instant. Dès le moment où les informations officielles seront publiées et que les louveteaux seront définitivement avec la meute, dans tous les déplacements, nous partagerons avec vous ces images fantastiques et inédites. En exclusivité, même si la qualité est loin d'être bonne (photo issue d'une vidéo d'un piège), nous vous montrons un louveteau.
 

Nous avons également réussi, à force de patience, de travail et un peu de chance aussi, à identifier les individus présents dans la meute actuellement, à plusieurs niveaux. Nous pouvons donc souvent les reconnaître sur les vidéos, ce qui peut être un avantage clair dans certaines situations. Nous sommes très satisfaits de cette avancée importante et nous continuerons à explorer d'autres aspects afin d'approfondir, encore un peu plus, nos connaissances de la meute à Arsène.

Afin de clarifier la situation et les peurs de certains quant à une "invasion" de loups, sachez que le taux de mortalité des louveteaux, durant leur première année de vie, atteint 40-50% et grimpe jusqu'à 60-80% les deux premières années. Cela est dû, majoritairement, à des maladies (malformation génétique, parvovirose entre autre), à des accidents (naturels ou de circulation), des éventuelles attaques d'autres prédateurs ou même de congénères, d'utilisation de méthodes illégales (braconnage) ou à des tirs légaux, au travers d'autorisations officielles. Entre la mortalité importante, l'espérance de vie assez basse du loup à l'état naturel (5-6 ans) et la dispersion, durant laquelle le taux de mortalité augmente fortement, il ne peut donc pas y avoir de surpopulation de loups. Il est donc inutile de faire des calculs ou des multiplications hasardeuses, cela est vain. 

La bonne nouvelle est donc qu'Arsène & Lupine ont bel et bien agrandit la famille et que tout ce petit monde est en pleine forme. A bientôt pour la suite de leurs aventures...

Dictionnaire

(1) Lieu de rendez-vous : est nommé ainsi le(s) lieu(x) où les louveteaux sont amenés dès qu'ils sont en âge de se déplacer et où les parents/la meute les laissent pour aller chasser.

Article : TT - Mission Loup
Photo : Mission Loup & Fabien Bruggmann