Mission Loup

Interaction loup

La régulation du loup - L'importance de l'éthologie - Partie 2

Le 23/02/2025

Deuxième partie de notre article "Régulation - L'importance de l'éthologie"

Alors, chien ou loup dans la vidéo nous direz-vous ? Dans l'extrait suivant, en observant le comportement du canidé, il est possible de noter des comportements très parlants, qui permettent de mieux l'identifier : reniflage au sol + fréquent, furetage, changements de direction, postures, démarche, etc. Et pour les fins connaisseurs, un signe, très sommaire mais visible au niveau physique, qui ne trompe pas. Vous l'avez compris, le constat est clair : ce n'est pas un loup ! Sans connaissances éthologiques et/ou avec une pression quant à le nécessité de tirer assez rapidement (au vu des risques que l'animal reparte à couvert ou sorte du champ de tir), il est clair qu'une erreur de tir aurait pu, dans ce cas précis, avoir lieu. Et un chien, qui s'est probablement échappé dans les heures précédentes, aurait pu perdre la vie ! 

Il est vital, désormais, d'inclure une formation éthologique, expliquant de manière claire et approfondie, le comportement des loups à l'intérieur de meutes mais aussi les différences existantes entre chiens et loups. Elle doit être dispensée par une personne formée en éthologie du canidé, sauvage et domestique. Outre le chien de protection abattu, nous pouvons aussi mentionner les cinq loups adultes tirés, dont deux par des chasseurs, entre le 1er septembre et le 31 octobre en Valais, ce qui était totalement contraire aux exigences de l'Office Fédéral de l'Environnement (OFEV). En effet, ce dernier avait explicitement demandé, dans un courrier écrit aux cantons, à ce que seuls les louveteaux soient abattus durant les deux premiers mois de régulation. Nous mentionnons aussi le cas du garde-faune grison, qui a abattu 3 lynx, un adulte mâle et deux jeunes, pensant avoir à faire à une meute. Pourtant, il est difficilement possible de confondre un loup et un lynx, même à la thermique, que ce soit au travers de l'apparence ou du comportement, justement. Cela démontre que la formation mise en place est clairement insuffisante et doit être renforcée, pour éviter des erreurs de tir.

En ce qui concerne le loup, trois individus adultes sur les cinq abattus avant le 31 octobre 2024 appartenaient à la même meute, soit celle de l'Augstbord ! Etant donné que la génétique ne pouvait parler sur un laps de temps aussi court (1 mois), les adultes auraient pu être les membres du couple reproducteur ! Le cas de louveteaux laissés seuls à cet âge là, alors qu'ils débutent à peine leur formation de chasse, est hautement litigieux voire condamnable car les conséquences peuvent être mortelles. 

Toute erreur de tir a donc des conséquences potentiellement lourdes. Le décès d'un chien de protection est très préjudiciable pour l'éleveur, ce dernier ne pouvant pas être remplacé avant, très certainement, des mois voire plus. Cela affaiblit sa protection, ce qui est dommageable sur une période plus ou moins longue. La mort d'un chien domestique est un crève-coeur pour le propriétaire, une souffrance pour ceux, nombreux, qui considèrent leur compagnon à 4 pattes comme un membre de la famille et à qui ils sont profondément attachés. Dans ces deux cas, aucune compensation financière ou arrangement ne pourra remplacer les années de travail, de formation et tout ce que représentait le chien. Quant au lynx, c'est également problématique puisque c'est une espèce protégée, ne pouvant être tirée qu'avec une autorisation, dans des circonstances très spécifiques. Dans certaines régions, encore peu peuplées par ce félin, la disparition de jeunes impacte encore plus négativement son établissement et sa pérennité.

Voilà pourquoi, si des cantons veulent pouvoir inclure des chasseurs ou auxiliaires, il est nécessaire qu'une formation éthologique soit mise en place ! Tout tireur doit apprendre tout ce qui est en lien avec le fonctonnement du loup, des meutes et savoir différencier les comportements entre les individus mais aussi ceux qui diffèrent entre chiens et loups.

Nous tenons à rappeler qu'aucune étude scientifique n'a jamais pu prouver l'efficacité de la régulation préventive ou d'une chasse arbitraire (hauts quotas) sur les attaques de troupeau. Celle publiée par Oskana Grente en 2022, se basant sur 9 massifs français, a montré que les attaques sont restés identiques ou ont augmenté dans 6 massifs sur 9. Les effets seront, comme tout ce qui est en lien avec la nature, éphémères ! Il convient de préciser que la France régule près de 20% de sa population lupine chaque année. L'abattage de couples reproducteurs, d'adultes à des périodes sensibles ou encore le fait d'engager dans la régulation proactive des meutes stables, peu problématiques, pourraient donc entraîner des conséquences plus négatives que positives. 

Nous espérons que les cantons, dont certains sont déjà très conscients des problématiques et ouverts au dialogue, comprendront la nécessité de procéder de manière la plus professionnelle et scientifique possible, y compris dans la formation. Et ce le temps que l'ordonnance reste ce qu'elle est. 

 

Article : TML - Mission Loup
Vidéo : Mission Loup
Photo : Depositphoto

 

Loup ou chien ? Deuxième partie et solution...

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