Ce tournage fut épique et extraordinairement sympathique, voilà les deux mots qui le décriraient le mieux. Nous avions prévu plein de choses, des affûts et scènes dans des endroits spécifiques mais la météo est venue y mettre son grain de sel et a donc bouleversé tous nos plans ! En effet, il y a eu de fortes chutes de neige dans la nuit précédente mais aussi durant les deux jours de tournage. Nous avons donc dû improviser et c'est ce qui a rendu cette aventure aussi drôle et singulière ! Une équipe adorable, des paysages bucoliques, une ambiance décontractée, des pieds gelés, des GPS qui nous baladent, des routes totalement enneigées, des rires, des longues conversations ont rendu cette expérience inoubliable.
Pour ceux ne sachant pas comment sont tournées les images d'un tel reportage, nous vous expliquons donc le déroulement. Le premier jour, nous nous sommes rencontrés en plaine, pour faire connaissance et exposer, chacun, nos souhaits et prendre connaissance de l'axe voulu par les réalisateurs. Le but du jour était de filmer le relevé de pièges photographiques ainsi que de montrer au public, en quelques images, en quoi consiste le travail de terrain dans ce genre d'études. Il faut bien avoir conscience que ce qui est diffusé dans un reportage télévisuel ne reflète pas la réalité mais une infime partie de l'énorme travail annuel, sur le territoire de la meute à Arsène. Les conditions météo ayant joué les troubles fête, nous avons dû nous résoudre à faire de l'improvisation, notamment en ce qui concerne l'affût. Ce fut difficile pour l'équipe, la neige rendant les déplacements très compliqués, hors routes.
Le deuxième jour, nous devions aborder l'étude à proprement parlé, en faisant des plans de coupe sur les discussions "post travail de terrain", lorsqu'on examine les vidéos filmées par nos soins ou par les pièges photographiques. Nous étions dans un lieu sympathique, cosy où nous avons pu tourner même s'il faisait froid. Nous nous sommes ensuite rendus chez un éleveur de la région, afin de parler de l'aspect extrêmement important de la communication avec les différents acteurs évoluant dans le sujet du loup. Les éleveurs sont les principaux concernés par le loup et la collaboration, l'écoute et l'échange avec eux sont donc éminemment importants. Nous avons passés un moment magique dans sa ferme, au milieu de ses bêtes, des chiens de protection afin d'aborder la thématique de la protection, des problèmes que le loup pose au monde pastoral, des solutions pouvant être apportées et de la nécessité de soutenir les éleveurs. Autour d'un thé, les conversations allaient bon train, découvrant tous les aspects de ce sujet complexe, des morceaux de vie de tous les intervenants, riche d'enseignement.
Malheureusement, pour des raisons de timing (le reportage donnant la parole à d'autres acteurs concernés), la partie avec l'éleveur n'a pas pu être incluse dans le reportage, nous le regrettons sincèrement. Notre étude n'est pas axée sur la protection ou la gestion de cette dernière mais surtout sur le comportement d'une meute, sur son territoire, notamment en ce qui concerne la prédation. Ces données sont importantes et leur recherche était au programme de cette année 2024, si la régulation préventive n'avait pas tout bouleversé. Pour cette raison, la partie avec l'éleveur apportait des enseignements importants, nécessaires à l'étude.
Le reportage est donc un petit condensé sympathique du travail de Mission Loup puisque notre équipe est bien plus fournie et que nos "missions" sont désormais beaucoup plus variées et spécifiques. Il y avait également un élément important dans ce reportage, qui a été la condition sinae qua non : la protection de la meute à Arsène. Nous souhaitions garder toutes les informations et lieux secrets, afin de ne pas lui nuire, ce qui a été respecté par l'équipe de tournage. Vous découvrirez donc les deux co-directrices de Mission Loup et quelques scènes de tournage et informations.
Nous tenons à remercier, du fond du coeur, l'intégralité de notre équipe "Mission Loup", Groupe Loup Suisse, nos fidèles followers & bénévoles, Yan-So et, bien entendu, l'équipe de tournage, James & Sylvain.
Vous pouvez maintenant découvrir le résultat et visionner le reportage "Jura, qui a peur du loup ?"
Un dernier mot pour corriger une information qui a été donnée dans le reportage mais qui est incorrecte : la Suisse n'a pas autorisé l'abattage de 180 loups mais seulement d'environ 80 individus, sur une population estimée, en 2023, à approximativement 300 loups. Il doit avoir eu confusion, lors du montage, avec le 60% des meutes pouvant être visées par la régulation préventive.
Vous pouvez également voir les photos du tournage ici !
Article : Mission Loup
Photos : ARTE Regards